« Joyeux Noël »

La fin d’année arrivant, chacun, j’espère, se prépare à passer des jours de réjouissances avec des êtres chers. Ces moments en famille, entre amis, avec les personnes que nous aimons sont précieux et irremplaçables, alors profitons-en. Depuis le début de cette année solaire, vos enfants bénéficient chaque jeudi d’une catéchèse dispensée par Don Antoine. Ce dernier a axé son annonce explicite de l’Evangile sur la venue de Jésus dans notre monde, de l’Annonciation à Marie jusqu’à sa naissance que nous célèbrerons bientôt.

Cette période où une année se termine et une autre est sur le point de débuter, est souvent un temps propice à la réflexion quant aux mois qui viennent de s’écouler et à la mise en place de nouvelles résolutions pour ceux à venir. A l’approche de Noël, l’ambiance tout autour de nous, dans les rues, les magasins, dans nos intérieurs se transforment. Nous assistons alors à une profusion de couleurs, de lumières et de musique se voulant être le symbole d’une fête joyeuse où nos meilleurs sentiments intérieurs s’autorisent à s’exprimer peut-être plus franchement et plus librement. Ceci est parfaitement illustré par la multitude des cartes de vœux qui s’étalent dans les boutiques. En regardant avec attention ces cartes de Noël, j’ai pu constater que toutes sortes de symboles s’étaient faufilés dans la fête. De loin majoritaires : les paysages enneigés (qui sont plutôt rares en Provence) mettant en scène un petit village pittoresque et généralement réhaussé par la présence d’un traineau tiré par des rennes ou d’un jovial petit bonhomme de neige. Également très présents sur ces cartes non seulement des rennes accompagnés du fameux homme à la barbe blanche et aux vêtements rouges, mais aussi d’écureuils, des petites et mignonnes souris grises et autres charmantes bestioles… On peut aussi constater la présence sur ces cartes d’autres personnages comme des lutins ou des angelots virevoltant dans les flocons de neige tourbillonnants. Les cartes de Noël explicitement religieuses ( et ce largement minoritaires) se concentrent sur la sainte famille qui apparaît calme et sereine devant l’Enfant nouveau-né.

Noël aujourd’hui

A l’intérieur, sont mis en exergue des mots lumineux tels « amour », « santé », « joie » , « bonheur » et « prospérité »… S’il est vrai qu’il faut voir d’un œil favorable qu’une fête sacrée soit ainsi honorée par des sentiments aussi chaleureux, qu’en était-il lors du premier Noël, lors de la naissance de Jésus ? . Que représente Noël pour nous, pour moi aujourd’hui ? A la vue de toutes ces cartes, la question de la signification de la Natalité résonne en moi d’un façon particulière, d’autant plus que les récits évangéliques de cet évènement nous renvoient pourtant un écho très différent de la Nativité.

2000 ans en arrière … le premier Noël de Marie et Joseph

Faisant partie d’une école chrétienne vincentienne, il me semble intéressant de regarder ce que les écrits évangéliques nous disent à propos de la venue du Fils de Dieu parmi les hommes. Tout autour de nous, une vision déformée, édulcorée (voire erronée), nous est proposée sur Noël. L’hyper laïcisation de nos sociétés modernes occidentales a mis davantage l’accent sur une célébration commerciale et consumériste en mettant en avant ce célèbre bonhomme vêtu de rouge et à la barbe blanche que sur le sens premier de cette fête chrétienne. De même, la plupart des œuvres d’art consacrées à la Nativité nous présente les membres de la Sainte Famille telles des icones sur fond doré, avec une Marie très calme, accueillant la nouvelle de l’Annonciation avec joie. Or ce n’est pas du tout ainsi que l’évangéliste Luc relate ces évènements. Marie était « profondément troublée » et effrayée par l’apparition de l’ange lors de l’Annonciation. Ce qu’elle s’apprêtait à accepter, allait non seulement bouleverser son existence, mais aussi mettre celle-ci en danger. Dans notre société occidentale, le sort de la Vierge Marie aujourd’hui apparaitrait beaucoup moins tragique qu’il ne l’était dans une petite communauté juive du premier siècle dont la loi considérait la grossesse d’une jeune fiancée comme un crime grave méritant le châtiment ultime. Pendant ces neuf mois et bien plus encore par la suite, Marie et Joseph vont vivre sous une épée de Damoclès. C’est pourtant dans ces conditions, que le sauveur de l’humanité, le Fils de Dieu fait homme, décide de faire son entrée dans notre monde, dans une humble famille.

Marie écouta l’ange, considéra les implications de sa décision et répondit : «  Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit faite comme tu l’as dit » (Luc 1.38). Marie fut donc prête à accepter Jésus en se conformant aux conditions divines, peu importe ce qui lui en coûterait personnellement.

En pensant à nouveau à toutes ces cartes de vœux, force est de constater que nous avons dépouillé nos fêtes de Noël du souvenir de la façon dont l’histoire entamée à Bethléem, trouva son épilogue au Calvaire. En effet, elles nous feraient presque oublier que la naissance du Sauveur, dans une étable à l’hygiène douteuse et au milieu des animaux, n’avait rien d’une sinécure. On peut facilement imaginer que ce parcours de foi emprunté par Marie et Joseph quand ils décidèrent de devenir cette sainte famille, ne fut pas une partie de plaisir mais un chemin long et souvent angoissant. La preuve en est : Marie vient à peine de donner naissance à Jésus, qu’il leur faut déjà fuir devant la menace d’Hérode. Quel exemplarité dans ce couple qui décide d’obéir à la voix divine , quoiqu’il leur en coûte.

2000 ans en arrière, Dieu s’est fait homme.

En relisant à nouveau le récit de la naissance du Christ, nous pouvons nous poser la question suivante : « que pouvons-nous apprendre de Dieu à travers ce premier Noël ? ». Des centaines de pages ont été et pourraient être encore écrites à ce sujet.

Dieu s’incarnant dans un bébé : quelle humilité ! Les premiers évènements de Noël, pointent inéluctablement vers ce qui ressemble à un oxymore, une contradiction : un Dieu humble qui ne fit pas une entrée tonitruante sur terre dans un tourbillon de feu mais qui s’incarna dans le plus fragile des êtres appartenant à une famille des plus modestes, vivant ses premières heures dans une étable, emmailloté et couché dans une mangeoire !

En s’incarnant ainsi, Dieu a voulu se rendre accessible car en effet quoi de plus accessible qu’un nouveau-né. Dans la plupart des traditions religieuses, la crainte est la première des émotions de l’homme s’approchant de Dieu. Mais ici, dans cette « maternité-étable », Dieu inaugura avec les êtres humains une relation qui n’impliquait pas la peur ou la crainte.

En décidant de faire son entrée dans notre monde dans le corps d’un nourrisson, Jésus délibérément choisit de tout perdre afin de tout nous donner par amour. Et c’est bien là le sens de Noël, Jésus s’offrant comme cadeau aux hommes pécheurs afin de restaurer ce qui avait été perdu dans le jardin d’Eden. Ainsi Noël est à juste titre la plus propice des périodes pour témoigner de l’amour que chacun peut ressentir pour les siens. C’est ce que nous ferons lorsque nous nous échangerons cadeaux et meilleurs vœux. Cependant, rappelons-nous le sens premier de Noël : Le divin nous disant qu’il nous aime et nous le prouvant par ce don venu du Ciel, le divin se faisant homme, Jésus.

«  Car Dieu a tant aime le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais qu’il ait la vie éternelle ».

Evangile selon Saint Jean chapitre 3 verset 16

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